Une pièce dans le jukebox.
La piste est partie et une foule se déambule dans un rythme commun. Un amas de corps perdus mouvant dans un de ces tempo modernes, ne comprenant aucune parole si ce ne sont les beats d'une basse perdue. Seul le son donne le sens du mouvement. Les robots sont bien huilés, les mécanismes se développent comme par automatisme. Les systèmes se rapprochent plus ou moins volontairement, les lois de l'attraction physique sont de rigueurs en ce soir de printemps.
« A ma mort je souhaite léguer mon corps à la science fiction », disait Steven Wright.
Bref constat de cette soirée: verre de rhum main gauche, une blonde main droite. A moi de valser maintenant. L'alcool est la vaseline de toutes les conversations. J'observe ces silhouettes se dessinant devant moi comme un vieux clip raté en caméra embarquée. Projet Blair Witch en boîte de nuit.
Bienvenue dans la savane. Les prédateurs patientent tranquillement en observant discrètement leurs proies. Autant les fauves se camouflent à travers les arbustes en guise de cachette avant le grand carnage, ici ces jeunes lionceaux en quête de chaires étrangères sont accoudés au bar, ronronnant tranquillement en meute avant de rugir face aux gazelles aveugles. Un plateau repas trié sur le volet, copieux et à volonté. Flunch n'a plus qu'à se rhabiller.
Une fois mes mains déshabillées, je prends part à ce bal. Abandon total de contrôle. Les bustes s'agitent sous les flashs des stroboscopes. Je ne sais pas si j'ai la migraine ou si c'est l'ambiance qui flirt avec ma tête. Les corps ralentissent, une onde de glisses sensuelles prend le dessus. Les pantins sont contrôlés par une vague transcendante, nul ne connait le marionnettiste masqué, le DJ porte des lunettes de soleil. L'orgie se plaît dans un groupe tiré par des ficelles venues des quatre coins de la pièce. La fascination est à son comble.
Tu étais là.
Parmi les autres
La tête de la masse
Comme jaillissante, la tête basse
C'est là que je t'ai vu pour la première fois
Tu étais nulle part, comme tout le monde.
Puis l'envie.
Cette envie avide de curiosité: percer ta personnalité.
Un soir d'octobre,
Une soirée très sobre.
Il paraît qu'il pleuvait ce jour là.
Je ne m'en souviens pas.
Mais tu étais là.